Fred Mussard : Rutile, esclave à Bourbon

Rutile, esclave à bourbon

Résumé : Encore un livre sur l'esclavage ! s’écrieront quelques-uns sur le ton de l'exaspération. À ceux-là on objectera que rien n’est excessif lorsqu'il s’agit, d’une part, de rappeler à la mémoire ces hommes et femmes qui ont contribué par leur travail à mettre en valeur la terre que leurs descendants peuplent aujourd’hui, d’autre part, de participer à la construction du patrimoine culturel réunionnais, toujours en chantier.

Et puis, quel livre ! Celui-ci, n’en doutons pas, vous étonnera par son originalité, sa sensibilité, la fraîcheur de son style, la richesse de ses informations.

[Voir le résumé complet]

Extrait : "Dans la confusion qui suivit, je me retrouvai je ne sais comment parmi une centaine d’hommes sur la rive gauche de la rivière Saint-Denis, sous les ordres du capitaine Lautrec. Selon une estafette revenue des avant-postes, les Anglais qui avaient débarqué à la Grande-Chaloupe approchaient irrémédiablement de la capitale par la nouvelle route pavée de la Montagne. Des tirailleurs placés en embuscade essayaient bien d’entraver leur marche, mais à cinquante contre un, le combat s’avérait inégal. Le capitaine nous divisa en trois pelotons commandés chacun par un lieutenant. Je fus tout de suite intrigué par le jeune homme qui prit la tête de notre groupe. Malgré la menace qui se précisait, je n’arrivais pas à détacher mes regards de cet officier grand, mince, élégant, aux joues creuses marquées par la petite vérole, au nez long et effilé."

[Source : https://www.jeanfredmussard.fr/rutile-esclave-a-bourbon]

Ce que Lilu en penseCe que Lilu en pense : Rutile m’a pris par la main et sans aucune réticence, je l’ai suivi sur ce chemin vertigineux. J’ai été captivé dès les premières lignes, au point de l’écouter parler sans l’interrompre. C’est-à-dire que j’ai lu ce roman d’une traite. Il m’était impossible de laisser Rutile à ses questionnements, sans essayer de comprendre la vision qu’il avait sur l’humain. Pour moi, c’est un penseur, philosophe, rêveur. En fait, c’est comme ça que je l’ai perçu.

Comment un esclave, né de parents africains, ayant grandi dans cet univers colonial, pouvait être aussi ouvert d’esprit. Non pas que je pense qu’il n’avait pas le droit, mais comme beaucoup d’entre vous, je sais qu’être esclave était une souffrance. Pourtant, Rutile semble être serein malgré sa privation de liberté. N’hésitez pas à lire ce roman magnifique, pour comprendre ce que je viens de dire à l’instant.

Autant son histoire m’a ému, autant il m’a permis de rigoler de temps à autre. La complexité de son statut d’esclave et sa manière de se comporter face à ce que lui réservait la dure loi de l’esclavagisme, m’a fortement intrigué.

Concernant sa mère, il y a un passage qui m’a bouleversé, même si dans ma passion généalogique, j’ai pris l’habitude de lire ce genre d’acte. Alors voilà, ce qui est dit : « elle était si appréciée pour sa fécondité que M. Dumas lui offrait un mouchoir chaque fois qu’elle faisait un enfant. Un jour, l’ordonnateur en personne lui fit remettre une pièce de toile bleue pour la récompenser des esclaves qu’elle fournissait à la colonie. »

Grâce à Rutile, j’ai croisé la route d’un de ses « frères de lait » qu’il estimait au plus haut point, même si leur couleur de peau était un frein. Personnellement, j’ai toujours apprécié de regarder la montagne en pensant à mes ancêtres qui reposent au cœur de Cilaos. Et là, en suivant les pas de Rutile, j’ai été plus que ravie de faire la connaissance de quelques esclaves marrons forts sympathiques.

Éditeur : Azalées Éditions / Publication : 2003 / Style : Broché / Nbre de pages : 169

Date de dernière mise à jour : mardi, 29 novembre 2022

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